Parlez-vous haptic?
Le premier Manuel en Suisse pour communiquer avec les personnes atteintes de surdicécité voit le jour
par Anette Ryser
Le haptic est une forme de communication originaire des pays scandinaves et constituée de signes tactiles sur le corps. Pour que cette méthode puisse aussi s’implanter solidement en Suisse, le GERSAM et tactile Deutschschweiz, groupes d’entraide de personnes atteintes de surdicécité, ont conçu le premier Manuel HAPTIC suisse.
«Les signes haptics sont des signaux rapides et pratiques, aisément accessibles. Ils ouvrent l’horizon de la communication des personnes sourdaveugles», explique Anita Rothenbühler, présidente de l’Association tactile Deutschschweiz. Fruit d’une collaboration entre le Groupe d’Entraide Romand de Personnes Sourdes-Aveugles ou Malentendantes-Malvoyantes (GERSAM) et son homologue alémanique tactile Deutschschweiz, le premier Manuel HAPTIC suisse a été publié. En français, allemand et italien, il vise à
introduire la communication haptique à l’échelle nationale comme complément communicatif.
Pionniers scandinaves
Cette communication se fonde sur le toucher dans des zones neutres du corps telles que les mains, les bras, ou les épaules. (en grec «haptos» signifi e ressentir). 35 signes haptics bien défi nis sont effectués sur la zone prédéfi nie du corps de la personne atteinte de surdicécité. «Je suis de retour» se décrit de la manière suivante: Avec le bout de l’index et du majeur, courir sur l’avant-bras du récepteur depuis le poignet. Important: attendre une confi rmation de sa part. Cette forme de communication est bien pratique, sur-
tout s’il y a du bruit. De même, des haptics (dessiner par exemple le plan de la pièce sur le dos du récepteur) peuvent aider la personne concernée à s’orienter dans une pièce. Les haptics, exécutés sur le dos de la main, n’ont pas encore été introduits en Suisse, contrairement aux pays scandinaves. «Riitta Lahtinen et Russ Palmer – un couple d’Helsinki – sont considérés comme les pionniers. Sourdaveugle, Russ Palmer vit aujourd’hui avec un implant cochléaire. Ce sont leurs propres diffi cultés de communication qui ont poussés le couple à faire preuve d’ingéniosité et à s’inventer des signes corporels. Grâce à Riitta et Russ, la communication haptique est déjà très répandue dans les pays scandinaves. Avec notre manuel, la communication haptique a fait son entrée en Suisse», se réjouit Anita Rothenbühler. Le but premier des signes haptics consiste à procurer à une personne sourdaveugle l’accès rapide à des informations importantes. Ils permettent un gain de temps et fl uidifi ent la communication. Ces avantages sont importants en situation de stress ou de danger. Ainsi, la communication haptique complète des formes de communication déjà existantes.
Cours très prisés
«Avec le groupe des enseignants de Lorm, nous avions cherché à rendre le Lorm plus effi cace», se souvient Anita Rothenbühler. Ainsi a fi ni par germer l’idée du Manuel HAPTIC. Depuis 1999, inspirés par les pays scandinaves, les deux groupes d’entraide, ainsi que l’UCBA, organisent des ateliers, des séminaires et des cours sur ce sujet. Parfois, Riitta Lahtinen et Russ Palmer interviennent. Anita Rothenbühler d’ajouter qu’une bonne introduction à la communication haptique est judicieuse, même si elle est beaucoup plus simple à apprendre que la langue des signes tactile ou le lorm. «Mais surtout, l’expérience de la communication haptique est un voyage passionnant qui ouvre la voie, pour les personnes sourdaveugles et malentendantes-malvoyantes ainsi que pour leurs proches, à des possibilités nouvelles».