Laurent Galley, Bibliothèque Braille Romande et Livre parlé

Robert Walser, La promenade, Gallimard 2015

1 Livre Audio Daisy ( 01h 53 min.) – disponible aussi en téléchargement (www.bnfa.ch)

La prose de Robert Walser désigne tout entier l’écrivain qu’il fut. Ce n’est pas le livre qui fait l’écrivain, mais le style ; étonnamment, Walser fait parti de ces stylistes qui n’ont pas besoin de forcer le trait pour magnifier leur prose. Un rien de poésie et une forte dose de sincérité poignante suffisent à faire d’un texte somme tout dérisoire (une promenade d’une journée), un joyau de littérature intemporel. Aucun livre authentique n’est destiné à n’être que fictionnel ; n’a-t-on pas toujours bâti les civilisations sur des livres, des codex de lois aux récits mythologiques et sacrés ? Dans un registre mineur, celui de la littérature en général, Robert Walser ouvre grandes les portes de la réalité, qui, parce que réelle, ne peut que produire des effets concrets dans l’âme du lecteur : l’éveiller.

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Baptiste-Marray, Albert Camus : un portrait, Fayard 2013

Livre Braille Intégral (5 volumes) – disponible aussi en téléchargement (www.bnfa.ch)

L’auteur de ce livre a eu, comme il le dit lui-même, « l’incroyable chance » de rencontrer des hommes admirables, dont Albert Camus. Grandement marqué par son style, par sa voix unique ; formé dès l’adolescence au Mythe de Sisyphe et à cette affirmation fondamentale, selon lui : que le suicide est la première vraie question philosophique d’importance, à savoir : si la vie vaut d’être vécue. Une fois cette question posée, le choix de la vie nécessite tous les dévouements à la cause de celle-ci, contre toutes les entraves morbides ou mortifères à la liberté. Rencontre formatrice pour l’auteur, et ce, dès les premières années de la vie d’un homme, les plus décisives, quant à sa destinée. Mais Camus n’est pas que le philosophe de l’absurde assumé ou surmonté par la révolte, il est aussi l’enfant libre de Tipaza, que l’arrière-pays niçois devait quelque peu rapprocher de la solitude au grand air. Solitude partagée, en tête-à-tête, dans une auberge de Cabris, qui devait sceller leur amitié. Un Camus simple, souriant, élégant, disponible ; récit aussi de leurs collaborations artistiques, leurs échanges épistolaires, leurs entrevues et l’imprévisibilité de sa mort, à seulement 46 ans.

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Benigno Delgado, Bibliothèque Sonore Romande

Hanna Dyâb, D’Alep à Paris : les pérégrinations d’un jeune syrien au temps de Louis XIV, 2015. Réf. BSR n° 31686

Un chrétien d’Alep part à la découverte de l’Europe. Les faits ne se produisent pas au 21ème siècle, mais au début du 18ème. Hanna Dyâb accompagne Paul Lucas, «  antiquaire du Roi » qui, de retour à Paris, l’engage comme traducteur français-arabe. Il traverse le Liban, l’Égypte, la Libye et le Magreb, est capturé par des corsaires près de Livourne, traverse Marseille et arrive enfin à la capitale du royaume.

Récit d’aventures, roman picaresque, étude de mœurs. Le livre de Dyâb est tout cela mais se fait aussi lyrique et introspectif par moments : l’auteur nous montre ses hésitations et ses faiblesses. Il se laisse porter par les événements ; cet abandon lui fait découvrir des tombeaux anciens, apprendre des remèdes miraculeux, assister à des situations cocasses (une curieuse procession à Paris), traverser sain et sauf l’empire ottoman pour finir drapier et marié dans sa ville natale, lui qui voulut être moine. Une certaine douceur de vivre émane de ces pages, qui fleurent bon le café turc et le tabac aromatisé.