Qualification en vue d’une formation d’adultes inclusive
Depuis la ratification de la Convention des droits des personnes handicapées en 2009, les discussions autour d’une inclusion réussie aussi dans les institutions de formation se font plus nombreuses. Toutefois, les débats portent encore en majorité sur l’école et la formation professionnelle. Dans l’enseignement pour adultes en général et dans les universités populaires en particulier, le principe de l’éducation pour tous fait certes autorité. Les personnes avec handicap n’en sont pas moins souvent peu présentes.
Par Sabine Lauber-Pohle, Ann-Kristin Langer, Johanna Rink
Les personnes avec handicap bénéficient habituellement d’une formation continue dans un autre segment du système éducatif. Une ouverture n’a lieu que lentement ou par exemple par l’intermédiaire de coopérations. Les personnes avec handicap sont souvent perçues comme des cas particuliers pour lesquels une solution contextuelle sera trouvée, mais pas de stratégie organisationnelle.
Le projet
Le projet « Qualification en vue d’une formation d’adulte générale inclusive à l’instar de la cécité et de la malvoyance » (iQ_EB), se penche sur l’inclusion et l’exclusion dans la formation pour adultes sous l’angle de la cécité et de la malvoyance. Il cherche à définir les qualifications spécifiques requises d’une formation pour adultes inclusive au niveau des employés des universités populaires chargés tant de la planification que de l’enseignement, du point de vue des organisations et de celui des destinataires. Entre 2017 et 2020, le projet bénéficie du soutien du Ministère fédéral de l’éducation et de la recherche d’Allemagne (BMBF), conformément à la directive de promotion « Qualification des spécialistes pédagogiques pour la formation inclusive » (Qualifizierung der pädagogischen Fachkräfte für inklusive Bildung).
Dans un premier temps, le projet vise à réunir des enseignements fondamentaux concernant la formation des adultes en général et l’inclusion à l’exemple de la cécité et de la malvoyance. Sont associées à ce projet la Deutsche Blindenstudienanstalt (blista) e. V., la Deutsche Blinden- und Sehbehindertenverband e. V. (DBSV), la Deutsche Verein der Blinden und Sehbehinderten in Studium Beruf e. V. (dvbs) et la Hessische Volkshochschulverband e. V. (hvv).
Sur la base d’une part des expériences des institutions et de leurs directions de cours et d’autre part des expériences et besoins des personnes participantes en matière de cécité et de malvoyance, le projet élabore un concept de qualification du personnel pédagogique des universités populaires.
Considérations initiales et mise en œuvre
Les personnes en situation de handicap visuel désireuses de suivre un cours à l’université populaire se trouvent face à une double question, d‘orientation et de décision. Elles doivent non seulement trouver un cours qui leur convient dans le champ thématique de leur choix, mais aussi vérifier si ce cours est accessible et sans barrières, autrement dit s’il est par exemple atteignable en transports publics et si les supports de cours et les examens sont sans barrières.
De son côté, l’université populaire doit relever le double défi d‘adaptation suivant : proposer une offre de cours susceptibles d’attirer un nombre optimal de personnes et répondre aux critères de l’inclusion. Une approche inclusive des universités populaires présuppose donc que tant les enseignants à titre principal que les intervenants indépendants soient qualifiés pour l’enseignement inclusif (Ackermann 2016, Lauber-Pohle 2019).
Le projet aborde les deux perspectives et a pour but de développer des offres de qualification pour les collaborateurs d’universités populaires. En vue d’une première évaluation des besoins, une enquête concernant les exigences et expériences des personnes malentendantes-malvoyantes et aveugles dans le domaine de la formation continue a été menée moyennant un questionnaire en ligne. En tout, 75 personnes atteintes de malvoyance ou de cécité y ont participé. A partir de ces résultats, dix entretiens approfondis ont été effectués et analysés.
Selon l’un des principaux résultats de l’enquête, 47 % des personnes interrogées ont déjà renoncé à une formation continue parce que l’accès sans barrières n‘était pas garanti. Parmi les barrières citées comptent surtout les documents qui n’avaient pas été prévus sans barrières (78%), une qualification lacunaire de la personne chargée de l’enseignement (62%), des possibilités insuffisantes de consultation et d’information pour les personnes en situation de handicap, notamment de handicap visuel (60%) et l’absence d’aides à l’orientation dans l’espace (30%).
En ce qui concerne l’université populaire en particulier, l’écart est frappant entre la participation active ou le désir de participer à des cours (65%) et l’appréciation de l’accessibilité de l’institution (17% = accessible, 55% = pas accessible, 27% = ne sais pas). Ces résultats varient fortement d’une institution à l’autre, mais ils montrent aussi le besoin en information et les marges d’amélioration potentielles.
Parallèlement à l’enquête en ligne, les directions des universités populaires du Land de Hesse (N=29) ont été interrogées au sujet de leurs expériences avec l’inclusion et l’implémentation de celle-ci dans le domaine de la formation pour adultes en général et les données ainsi recueillies ont ensuite été analysées. Sur la base de ces entretiens, quatre universités populaires ont été sélectionnées comme exemples en fonction de leur emplacement géographique, taille et orientation concernant l’inclusion. Sur ces sites, des collaborateurs pédagogiques à titre principal et responsables de cours de différents domaines spécialisés ont répondus à des questions complémentaires. Puis, quatre analyses de cas ont pu être effectuées dans les universités populaires sélectionnées. Au centre des entretiens se trouvaient les besoins et constats du personnel pédagogique chargé de la planification à titre principal (N=18) et les responsables de cours à titre secondaire (N=15) par rapport à l’inclusion en général et à la cécité et la malvoyance en particulier.
Perspectives
Les résultats de cette analyse de cas sont actuellement en cours d’évaluation et utilisés pour développer deux séries de formation continue de quatre jours chacune. La première série s’adressera aux directions et au personnel pédagogique chargé de la planification des universités populaires. Seront placés tout d’abord une sensibilisation générale à l’inclusion et aux déficiences visuelles ainsi que le développement de l’organisation et de la coopération et la mise en réseau en tant que stratégies d’une ouverture inclusive. La série destinée aux directions de cours contiendra plutôt les questions dévolues à la conception didactique comme l’absence de barrières dans les situations de cours et au niveau du matériel.
Il est prévu de poursuivre les coopérations créées lors du projet afin de continuer le thème dans le cadre de la recherche et du développement de concepts. Le présent projet a en outre donné lieu à l’ébauche d’un projet subséquent qui s’intéresserait spécifiquement à la question des conseils d’apprentissage et du diagnostic en pédagogie pour adultes.
Le projet de recherche « Qualification en vue d’une formation d’adultes générale inclusive à l’instar de la cécité et de la malvoyance » (iQ_EB) (BMBF, 01NV1714) est un projet de l’institut des sciences de l’éducation de l’université de Marburg. Il est dirigé par les professeurs Wolfgang Seitter et Sabine Lauber-Pohle. Vous pouvez trouver de plus amples informations concernant le projet sur http://uni-marburg.de/TEVUv.
Bibliographie
- Babilon, R. (2018). Inklusive Erwachsenenbildung mit Menschen mit Lernschwierigkeiten – eine qualitative Studie in England. Landau: Universität Koblenz-Landau.
- Goddar, Jeanette (2019): Die Grundhaltung muss stimmen. In: Menschen. Inklusiv Leben. Themenheft Lebenslanges Lernen. H. 2/2019. S. 34-37.
- Hirschberg, M.; Lindmeier, Ch. (2013). Der Begriff „Inklusion“ – Ein Grundsatz der Menschenrechte und seine Bedeutung für die Erwachsenenbildung. In: Burtscher, R.; Ditschek, E.-J.; Ackermann, K.-E.; Kil, M.; Kronauer, M. (Hrsg.) (2013).: Zugänge zu Inklusion – Erwachsenenbildung, Behindertenpädagogik und Soziologie im Dialog. Bielefeld: W. Bertelsmann Verlag. S. 39-52.
- Lauber-Pohle, S. (2019). Dimensionen einer inklusiven, allgemeinen Erwachsenenbildung. Hessische Blätter für Volksbildung 69 (1), S. 7-17.
- Siegmund, R.; Zimmermann, S. (2019). Erfahrungen blinder und sehbeeinträchtigter Menschen mit Bildungsangeboten an Volkshochschulen. In: horus, 2019, 81. Jahrgang (Heft 4), Seite 10-12.
- VHS München (2015). Münchner Erklärung zur Inklusion und öffentlich verantworteten Erwachsenenbildung. Online: https://www.mvhs.de/programm/verlinkungen/barrierefrei-lernen/muenchner-erklaerung-zur-inklusion-und-oeffentlich-verantworteten-erwachsenenbildung/ (31.03.2020).
- Zimmermann, S. (2020). Anforderungen an eine inklusive Erwachsenenbildung für Menschen mit Blindheit oder Sehbeeinträchtigungen“. Philipps-Universität Marburg, Bachelorarbeit (Manuskript)