Point fort – En plein dans l’oeil : un rayon rend visible l’invisible
En plein dans l’œil : un rayon rend visible l’invisible
L’abécédaire du laser
Fini le sport avec des lunettes gênantes ? Enfin une bonne vue, même pour la conduite de nuit ? Sortir de la maison sans lunettes ni verres de contact : tel est le souhait de bien des personnes myopes, hypermétropes ou astigmates. Ce désir devient réalité pour 98 % des patients qui ont subi un traitement au laser pour faire corriger ces défauts de la vue. Ils n’ont plus besoin de lunettes. Mais au fait, qu’est-ce que le traitement au laser ?
Par Dr Philipp B. Bänninger
*Photo: Préparation d’une patiente à un traitement au laser
Photo: Robert Przybysz, panthermedia
Contexte
Pour corriger les défauts de la vision, l’on a recours à ce que les spécialistes appellent la chirurgie réfractive. Elle répond aux désirs des patients qui souhaitent vivre sans lunettes ni verres de contact. Les erreurs visuelles peuvent engendrer divers troubles de la vue, tels que myopie, hyperopie, astigmatisme ou presbyopie. La chirurgie réfractive peut intervenir sur deux structures de l’œil pour corriger un défaut du pouvoir réfringent : sur la cornée d’une part (deux tiers du pouvoir réfringent de l’œil), par le traitement au laser et, d’autre part, sur la lentille (tiers du pouvoir réfringent de l’œil), grâce à la chirurgie implantaire de lentilles intraoculaires.
Traitement au laser
Ce traitement consiste à procéder à un modelage individuel de la cornée pour modifier son pouvoir réfringent dans un œil ou dans les deux yeux afin de diminuer ou d’éliminer complètement un défaut de vision. Deux interventions sont possibles : le traitement au laser de surface ou de découpe. L’ancêtre de ces deux procédés était la kératectomie photoréfractive (PRK), un traitement au laser de surface. Il fut pratiqué pour la première fois en Suisse à la clinique ophtalmique de Lucerne en 1989. La méthode cTEN est le dernier-né de ces traitements nouvelle génération.
Simultanément s’est développé à partir de la PRK, en 1991, le traitement au laser de découpe Laser-in-situ Keratomileusis, (Lasik), à partir duquel a été mis au point le Femto-Lasik, aujourd’hui l’intervention la plus pratiquée en chirurgie réfractive.
Méthode cTEN
Avec 1000 Hz le plus rapide, ce laser n’enlève que le tissu nécessaire à la correction de la limitation visuelle, sans toucher l’œil. Cette méthode se fonde sur un système automatisé de diagnostic qui enregistre la surface de l’œil (face antérieure de la cornée) ainsi que le diamètre de la pupille, puis calcule un plan d’intervention personnalisé. Le traitement au laser proprement dit ne dure que 30 secondes par œil, est indolore et ambulatoire. La méthode cTEN présente les avantages suivants : elle est sûre, non-invasive et ne touche pas l’œil. Par contre, un inconvénient est le temps de récupération du potentiel visuel légèrement plus long, de sept à dix jours.
Méthode Femto-Lasik
Actuellement, le traitement au laser de découpe est la méthode la plus courante.
Le chirurgien sépare une lamelle de la surface de la cornée de sorte qu’elle n’y reste attachée que par un minuscule pont. Naguère, ce volet (« flap ») se découpait au bistouri. Aujourd’hui, on recourt au laser femtoseconde, appelé dans le jargon Femto-LASIK. Une fois ce volet relevé de côté, le médecin traite au laser Excimer la couche plus profonde du tissu de la cornée ainsi dégagée jusqu’à l’obtention de l’amélioration désirée du pouvoir réfringent, et donc de l’acuité visuelle. Enfin, le volet est remis en place. Le temps de l’intervention est d’environ cinq minutes par œil. Etant donné que contrairement à la précédente méthode, celle-ci n’implique aucune ablation de la surface de la cornée, la récupération du potentiel visuel est plus rapide : un à deux jours suffisent. L’inconvénient de la méthode Femto-LASIK réside dans le risque lié à l’incision durant l’intervention et à une sécheresse de l’œil postopératoire.
Méthode cTEN ou Femto-LASIK ?
Comme évoqué plus haut, les deux méthodes ont leurs avantages et leurs inconvénients. De plus, chacune permet de corriger plus ou moins bien les différents défauts de vision. La méthode cTEN corrige par exemple mieux une forte myopie que la méthode Femto-LASIK, alors qu’à l’inverse, cette dernière donne de meilleurs résultats pour l’hyperopie. Aussi est-il judicieux de s’adresser à un centre qui pratique toutes les méthodes de traitement au laser existantes.
Coût du traitement
Pour les deux méthodes proposées, les coûts se situent actuellement entre environ CHF 2000 et CHF 3600 par œil. Généralement, les assurances maladies ne les prennent pas en charge. Lors de la comparaison entre divers prestataires, il convient d’examiner attentivement quelle méthode de traitement est proposée et quelles prestations sont inclues dans le prix. Les différences peuvent être considérables. Les forfaits de prestations proposés à l’étranger à moindres coûts sont à considérer avec la plus grande vigilance. Ils ne sont a priori pas conseillés.
Aptitude
Toute personne qui désire se soumettre à un traitement au laser des deux yeux n’y est pas forcément apte du point de vue médical. En effet, certaines conditions doivent être réunies pour en permettre le succès. La chirurgie au laser ne peut rectifier que les défauts de vision ne dépassant pas certaines valeurs. Au-delà de celles-ci, il faut recourir à la chirurgie implantaire de lentilles intraoculaires. En outre, il est important que la croissance des globes oculaires soit achevée et que les valeurs de correction soient stables. C’est pourquoi ni les jeunes de moins de 18 ans, ni les personnes avec une valeur dioptrique instable ne peuvent subir un traitement au laser. Outre la sécheresse des yeux, d’autres facteurs excluant le traitement au laser sont des maladies oculaires telles la cataracte, le glaucome, l’amblyopie, la dégénérescence maculaire ou des cicatrices sur la cornée dues à de l’herpès.
Risques possibles
Tout compte fait, soumettre ses yeux à un traitement au laser est aujourd’hui moins risqué que de porter des verres de contact sans effectuer de contrôles réguliers. Toute personne qui s’adresse à un centre de laser sérieux y sera informé, lors d’un examen préliminaire approfondi, des risques résiduels possibles et des éventuels effets secondaires d’une telle opération. Une fois opérés, les patients observent souvent une sécheresse passagère des yeux et des éblouissements nocturnes. Dans près de 98 % des cas, un seul traitement au laser suffit pour que le patient n’ait plus à porter de lunettes. Les 2 % de patients restants doivent subir une intervention supplémentaire pour atteindre l’effet désiré.
*Le docteur Philipp Bänninger est médecin-chef de la clinique ophtalmique de Lucerne, où il dirige le service de chirurgie réfractive. La clinique ophtalmique de l’hôpital cantonal de Lucerne propose toutes les technologies de traitement au laser et de chirurgie implantaire disponibles.